Numérisation dans le canton de Neuchâtel - nos sept questions à Daniel Crevoisier, Chef du Service informatique de l'Entité neuchâteloise

Kantonswappen Neuenburg vor rotem Umriss der Schweiz

Depuis la Conférence nationale Suisse numérique de début septembre 2019, nous présentons régulièrement au moyen d’un court entretien les particularismes, les progrès et les défis d'une administration cantonale en matière de numérique. Aujourd'hui: le canton de Neuchâtel!

Notre interlocuteur: Daniel Crevoisier, Chef du Service informatique de l'Entité neuchâteloise. Nous le remercions beaucoup pour ces réponses et vous souhaitons à toutes et tous une agréable lecture. 

1. Le canton de Neuchâtel, tout comme les autres cantons de Suisse, s’occupe activement de la question du numérique. Quel document - ou stratégie - peut-être considéré comme donnant une direction pour ce qui est du développement numérique dans le canton? Quelle a été l’impulsion pour l’élaboration d’une telle stratégie et à quels besoins répond-t-elle?

[Daniel Crevoisier: ] La question du numérique s’inscrit dans la vision de l’informatique neuchâteloise décrite dans le schéma directeur 2016-2020 (Rapport 15.054 – www.ne.ch). L’informatique est au cœur de toutes les prestations délivrées par l’État et ses partenaires (communes, santé, social, écoles, entités parapubliques) et le vecteur central de sa gestion et de son organisation. Les principaux axes de la stratégie neuchâteloise vont dans la mise en place d’un organe de gouvernance cantonal de l’informatique, aux regroupements des services informatiques, dans le développement des systèmes d’information, en passant par la sécurisation de l’outil de production. Le développement du Guichet unique neuchâtelois, qui a pour objectif de fournir à terme toutes les prestations publiques en ligne à destination des clients et des usagers des services publics neuchâtelois complète cette stratégie.

Dans le cadre du programme des réformes de l’État, l’office d’organisation est chargé du pilotage de la transition numérique dès 2020. Il s’agit d’engager rapidement un-e chef-fe de projet « transition numérique » et de rédiger la stratégie cantonale en la matière. Et dès 2021 d’accompagner l’ensemble des entités dans la mise en œuvre de la stratégie pour l’administration.

 

2. Quelles ont été les sources d’inspiration pour cette stratégie - d’autres cantons, villes, pays? La stratégie nationale?

[Daniel Crevoisier: ] Depuis les années 1990 l’informatique cantonale s’est développée de manière harmonieuse grâce à l’excellente collaboration entre les différents centres informatiques des villes et de l’État. Avec les projets de désenchevêtrement des tâches de l’État et des communes et les projets de fusion de structures cantonales et communales, il est apparu nécessaire de revoir l’organisation des services informatiques et de facto consolider les centres de compétences métiers. A mentionner que ce niveau d’intégration a été rendu possible par la vision transversale toujours défendue des projets informatiques. Le rapport 18.038 (www.ne.ch) détaille le projet de l’Entité neuchâteloise informatique, mise en place au 1er janvier 2019.

 

3. Quels acteurs ont été impliqués dans le processus de formulation de la stratégie numérique cantonale?

[Daniel Crevoisier: ] Le canton, les communes, la santé, les écoles sont pleinement intégrés dans l’organisation actuelle. La formulation de la stratégie est prévue pour cette année et se réalisera sous la responsabilité du département des finances et de la santé, sous la conduite de l’office de l’organisation et du service informatique, dans le cadre de la gouvernance informatique cantonale, tous mentionnés plus haut.

 

4. Certains cantons ont choisi un cadre de référence assez large pour leur stratégie, par exemple l’impact du numérique sur la société. D'autres se concentrent par exemple plus étroitement sur la cyberadministration. Quel est le cadre de référence de votre stratégie - et pourquoi ce choix?

[Daniel Crevoisier: ] La construction de l’Entité neuchâteloise informatique est en phase de consolidation et la stratégie actuelle se concentre sur la cyberadministration, la sécurisation de l’outil de production et la maintenance et l’évolution des systèmes d’information. Cette stratégie sera complétée par la vision développée en 2020 par l’office d’organisation, qui intégrera avant tout les besoins numériques des services (digitalisation, outils, processus), mais qui n’exclut pas une vision systémique et sociétale.

 

5. Quel projet en cours dans le canton illustre à votre avis particulièrement bien l’esprit de votre stratégie?

[Daniel Crevoisier: ] La mise en place du Service informatique de l’entité neuchâteloise associée à la mise en place d’un organe de gouvernance assurant la coordination des projets dans 4 domaines principaux (administration cantonale, les communes, la santé et les écoles) et à l’évolution coordonnée des systèmes d’information qui prend en compte le renforcement des ressources liées au numérique. Le dossier électronique du patient représente aussi une avancée intéressante pour mesurer le potentiel du numérique pour assurer une meilleure coordination entre acteurs publics et privés d’un même secteur, d’une part, et le degré d’acceptation de la population pour les nouvelles technologies dans des domaines sensibles d’autre part.

 

6. Quels types de défis rencontrez-vous dans le cadre de la mise en œuvre de cette stratégie?

[Daniel Crevoisier: ] Des défis politiques, organisationnels, technologiques, sécuritaires, financiers, etc.

 

7. Y aurait-il des formats ou des espaces d'échanges avec d'autres cantons ou d'autres pays que vous souhaiteriez voir se développer ou mettre en place afin de mieux profiter des expériences des uns et des autres en matière de transformation numérique? Si oui lesquels?

[Daniel Crevoisier: ] CSI, CSI-Latine, Conférence des gouvernements latins du numérique et des échanges plus « informels » portés par la société civile et/ ou des acteurs publics. Les échanges d’expériences et de bonnes pratiques sont essentielles, mais le partage de solutions et d’infrastructures devraient aussi pouvoir être évoqués dans ces différents cercles.